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ISO 20121 : la France médaillée d’or des événements responsables

 

 

C’est une médaille que l’on a déjà : la France est le premier pays en termes de nombre de certifications ISO 20121, la référence en matière de management responsable de l’activité événementielle. Sur un total de 252 certificats obtenus par les 193 pays membres de l’ISO, la France est sur la plus haute marche du podium, avec 45 % des certificats émis sur cette norme. La preuve d’une transition du secteur événementiel bien engagée.

Interview avec Pauline Teyssedre, directrice de la stratégie et de la RSE groupe Galis, présidente de la commission RSE/Fabrik’ responsable d’Unimev et présidente de la commission de normalisation ISO 20121 pour l’AFNOR.

La norme 20121 a été créée en vue des JO de Londres en 2012. En quoi les évènements sportifs sont-ils des bons leviers pour repenser la durabilité de l’événementiel ?

Le sport unit énormément de pays, de sensibilités, ce sont des événements grand public et rassembleurs. Les valeurs d’entraide, de respect, d’éthique et de compétitions saines sont parfaitement alignées avec les valeurs du développement durable. C’est la meilleure vitrine pour sensibiliser un maximum de public.

Quelle est la portée de cette norme, qu’implique-t-elle ?

Elle a été créée parce qu’il n’existait aucune norme dédiée au management responsable de l’activité événementielle. C’est une sorte de feuille de route. Elle présente 10 chapitres qui couvrent plusieurs sujets : le contexte, les définitions, les outils, la notion d’achat, la maîtrise d’impact, la conduite d’audit, etc.

Concrètement, il y a trois étapes.

D’abord, rédiger une politique de développement durable en réfléchissant sur la raison d’être d’une entreprise, les valeurs qu’elle porte tant en interne qu’en externe.

Ensuite, convenir d’un plan d’action. Il doit couvrir les trois piliers du développement durable que sont l’économie, l’environnement et le sociétal. Il doit également désigner un objectif et un indicateur à suivre pour mesurer la mise en œuvre concrète de l’action et suivre son évolution.

Enfin, il faut constituer une documentation ISO, c’est-à-dire qu’il faut une preuve que le processus et l’action existent dans cette entreprise. Ces documents servent à l’auditeur externe qui audite chaque entreprise (audit de certification si c’est une première fois, audit de suivi de certification puis audit de renouvellement de certification tous les trois ans).

La norme impose-t-elle des objectifs chiffrés ?

Non. C’est l’une des normes les plus souples et chaque entreprise fixe elle-même ses propres objectifs tant qu’ils couvrent bien entendu les trois piliers du développement durable ainsi que l’ensemble des chapitres de la norme.

C’est un sujet entre les acteurs certifiés. Nous avons évoqué l’idée de tendre vers des objectifs communs mais les moyens techniques et humains ne sont pas les mêmes d’une entreprise à une autre. L’important est de valoriser l’amélioration des entreprises françaises et la mise en place d’exigences RSE.

Pourquoi la France est-il le pays le plus certifié ?

C’est une bonne question. On a tendance à ne pas être satisfait, et c’est vrai qu’il reste beaucoup à faire, mais lorsque l’on travaille avec d’autres pays ou que l’on organise des événements internationaux, on se rend compte que nous sommes considérés comme très en avance. Il existe déjà de très bonnes pratiques dans notre secteur. Aujourd’hui, la sobriété est de mise et nous privilégions un évènementiel à impact et à mission. Nous nous adressons également à la nouvelle génération en sensibilisant les étudiants dans les écoles, pour valoriser nos métiers.

Nous avons une sensibilité RSE peut-être plus développée. Nous avons aussi un gouvernement qui nous accompagne. Déjà, par la réception et l’écoute : il nous accorde du temps pour nous recevoir. Ensuite, par des subventions : en février 2022, la filière – Unimev, LÉVÉNEMENT et Créalians – a signé avec le gouvernement les engagements pour la croissance verte (ECV). Ainsi, des fonds ont été alloués pour effectuer un audit sur la gestion des déchets et leur fin de vie dans notre secteur. L’étude est toujours en cours. Nous avons aussi des aides pour les formations internes sur la RSE et pour l’embauche de jeunes diplômés qui peuvent accompagner une entreprise vers sa transition écologique.

A l’occasion des JO de Paris 2024, Unimev, LÉVÉNEMENT et Créalians ont apporté une révision à la norme. En quoi consiste-t-elle ?

Nous avons défini quatre axes de travail :

1 :  Réaligner la norme avec les objectifs de développement durable de l’ONU et les principaux standards internationaux.

2 : Renforcer les exigences RSE pour éviter des incohérences, comme la certification de la coupe du monde au Qatar par exemple. Avec le précédent texte, il suffisait d’être en cours de réflexion. Dorénavant, il faut justifier de résultats concrets, définis et mesurés.

3 : Clarifier les exigences dans les processus de certification, pour qu’elles soient cohérentes et alignées et qu’il n’y ait pas de disparité d’un organisme d’audit à un autre.

4 : Rendre la norme accessible et compréhensible à tout le monde. Bien sûr cela prend du temps d’obtenir une certification mais ce n’est pas un processus élitiste, la filière doit accompagner l’ensemble des acteurs.