Économie régénératrice : l’événementiel au cœur de ce mouvement naissant ?
Plutôt que de nous concentrer sur nos nuisances, pourquoi ne pas considérer notre espèce comme actrice de son écosystème, et donc capable d’y avoir des impacts positifs ? C’est le postulat que fait le mouvement des entreprises régénératrices. Une économie du lien et du vivant, dans laquelle l’événementiel pourrait bien avoir un vrai rôle à jouer. Explications.
C’est un changement de paradigme qui – c’est assez rare pour être souligné – donne à espérer : l’économie régénératrice vise à développer les impacts positifs sur nos écosystèmes. « Il y a une possibilité pour l’humain de ne pas être simplement destructeur mais d’être également contributeur des équilibres planétaires, estime Patrick Samama, cofondateur avec Isabelle Delannoy deL’entreprise symbiotique, une initiative de recherche-action autour de cette théorie. Nous sommes tellement convaincus que notre sujet central est de réduire nos nuisances qu’on n’a pas conscience qu’on est aussi capable d’avoir des impacts positifs, qu’ils soient économiques, écologiques ou sociaux. »
L’économie régénératrice, une question d’écosystème
L’élément essentiel de cette économie régénératrice : elle fonctionne en coopération et en écosystème, explique l’expert. Une économie du lien et du vivant, selon les mots du philosophe et économisteFelwine Sarr. « Comment modifie-t-on les logiques de production, de consommation et de gouvernance pour être dans une économie connectée à son territoire et à ses parties prenantes », problématise Patrick Samama. C’est autour de ce point que se concentrent les travaux d’Isabelle Delannoy : élaborer un système commun à des entités qui, bien que distinctes, répondent à une même logique économique. Dans la théorie de l’entreprise symbiotique, faire écosystème, se mettre en réseau, est donc le moyen le plus efficace pour les entreprises d’être performantes. « Quand on se voit comme un point unique, on est isolé avec sa culture face à une économie qui fonctionne autrement et on est très vulnérable. Lorsqu’on se relie les uns aux autres en trouvant des logiques de bénéfices mutuels entre les différentes parties prenantes, alors on change les règles du jeu. Une grande partie de notre travail consiste à mettre en synergie différentes pratiques économiques pour trouver de la performance. »
Mise en réseau, réparabilité… quelques exemples d’entreprises pionnières
Le mouvement est encore naissant, mais des entreprises excellent déjà dans cette pensée régénératrice écosystémique. Ainsi deH2X Ecosystems, développé par un ingénieur aéronautique breton revenu travailler au sein de son territoire. Cet écosystème ambitionne d’amener l’hydrogène à coût extrêmement bas en augmentant le nombre de services attachés à cette ressource.
Autre exemple, celui de Mob-ion, créé par le fondateur d’Allo Resto Christian Bruere. L’entreprise, qui produit des scooters à la forte réparabilité et disponibles en location longue durée, est fondée sur le concept de « pérennité programmée » (en opposition à l’obsolescence programmée de certains appareils électroniques).
Phytobôkaz de son côté, est « exemple merveilleux de coopération avec le vivant », selon Patrick Samama. Pour lui, elle démontre les impacts positifs réciproques d’activités mises en réseau. Docteur en pharmacognosie, l’étude des substances médicamenteuses d’origine naturelle, son fondateur Henry Joseph s’est intéressé à l’herbe-à-pic, plante traditionnellement utilisée en Guadeloupe comme médecine naturelle. Il en a développé un sirop pour renforcer les défenses immunitaires. Pour apporter l’azote dont a besoin la plante pour se développer, il a planté des indigotiers et en a profité pour lancer le premier laboratoire européen de teinture naturelle. Enfin, il cultive le Glaba, pour en faire une huile apaisante et cicatrisante. Or, cette huile est chère à produire car les noix sont enfermées dans des coques solides difficiles à casser. Le docteur en pharmacognosie s’est néanmoins rendu compte que les chauve-souris sont friandes de l’albumine à l’intérieur de ces coques. Il a donc installé des arbres à chauve-souris autour de sa plantation pour que les mammifères se chargent de ce travail. Afin d’éviter qu’elles ne mangent les noix, il a planté des manguiers, leur fruit préféré, qu’il peut également exploiter. Il a aujourd’hui 2 hectares sur lesquels il génère plus de deux millions de chiffres d’affaires. Sans compter les gains de résilience : lors du passage du dernier ouragan, événement récurrent aux Caraïbes, ses plantations ont bien mieux résisté que les bananeraies en monoculture voisines, raconte Patrick Samama.
Et l’événementiel dans tout ça ? Un outil essentiel pour créer le lien
Pour faire écosystème, il faut communiquer. « La communication dans le sens de « faire commun » », précise Patrick Samama. Sur ce point, les métiers de l’événementiel ont un rôle essentiel à jouer, estime l’expert. Non seulement les professionnels de l’évènementiel ont des pratiques de plus en plus vertueuses et pourraient donc appliquer cette vision régénératrice au sein de leurs propres structures, mais ils pourraient surtout opérer le rôle de mise en contact essentiel à la mise en route d’un écosystème efficace et solidaire. L’événementiel serait alors un outil essentiel pour créer le lien entre les différents acteurs de ce réseau économique régénérateur, le maintenir et le faire prospérer.
Un rôle d’autant plus important que nos sociétés se dirigent vers de plus en plus de solitudes. Patrick Samama citeune étude de la Fondation de France, parue en janvier, qui révèle que 21 % des personnes interrogées se sentent seules et que 1 personne sur 10 est en situation d’isolement total. Les lieux fréquentés par ces personnes isolées pour rencontrer du monde sont les centres commerciaux, les marchés ou les commerces. « C’est dramatique », estime Patrick Samama. « L’événementiel peut être l’outil d’animation du territoire et créer cette capacité de relier les humains entre eux à travers des événements », propose-t-il. Une révolution par le lien, donc, qui a bien besoin d’un coup de pouce de l’évènementiel. Se rencontrer pour mieux régénérer, voilà une promesse qui a du sens.
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